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Mes vieux voisins ne voient jamais personne

Qui n’a pas repéré un voisin de palier qui ne sort presque plus, une vieille dame qui ne reçoit pas de visite, ou que l’on rencontre toujours seule au bas de la rue ? Tous les âges sont concernés par la solitude, et notamment les personnes âgées chez qui l’allongement de l’espérance de vie rend le phénomène plus visible. De nombreux facteurs sont en cause et contribuent à leur mise à l’écart involontaire. Puisque les seniors souhaitent en grande majorité demeurer chez eux plutôt que d’aller vivre en maison de retraite, voyons comment leur voisinage peut les aider activement à lutter contre l’isolement, surtout si le réseau familial ne se situe pas à proximité.

L’isolement subi n’est pas l’isolement choisi

On sait que le sentiment d’isolement n’est pas lié à la taille du foyer : plus d’une personne sur trois habite seule en France, quel que soit son âge, et la plupart le vivent bien. En fait, la solitude est un phénomène paradoxal : la majorité de ceux qui disent en souffrir n’habitent pas seuls, et inversement, la majorité des personnes qui vivent seules ne se sentent pas isolées.

 

Il faut donc distinguer l’isolement délibéré, où l’on se débrouille très bien soi-même, de l’isolement subi, où le manque de contacts gratifiants impacte négativement le bien-être et la santé.  Cette mise à l’écart sociale fait doublement souffrir : elle est difficile à vivre et il est difficile de s’en échapper. Elle va jusqu’à provoquer des effets aussi dangereux que l’obésité, le tabac ou l’alcool, tout en augmentant le risque de régression cognitive, de dépression et de suicide. Au final, la solitude raccourcit la vie.

Les personnes âgées sont davantage à risque

Le passage à la retraite marque un vrai changement dans la vie relationnelle, avec une chute du nombre de contacts avec les collègues ou les clients. Elle se compense parfois, dans un premier temps, par le renforcement des liens familiaux, associatifs et de voisinage, puis elle a tendance à décroitre avec l’avancée en âge, la dégradation de la santé, la perte du conjoint, la hausse de la fréquence des deuils dans la famille et l‘entourage, et d’une manière générale la baisse des stimulations extérieures.

 

Les modes de vie modernes sont également en cause dans ce processus : perte de liens due aux déménagements successifs et manque de savoir-faire pour se reconstruire un réseau social quand on n’a plus de jeunes enfants scolarisés (ce qui facilite la tâche). Mais aussi divorces, éloignement des enfants, indifférence ou comportement « chacun pour soi » en milieu urbain, dépeuplement du milieu rural, etc. 

Les personnes âgées sont particulièrement affectées par ce phénomène, et désormais, une sur quatre serait isolée sur le plan relationnel, un chiffre en augmentation d’après la Fondation de France.

Tous les pays européens sont concernés. L’État français a lui-même a annoncé qu’il renforçait la lutte contre l’isolement social des personnes âgées, une mesure faisant partie de la « stratégie globale 2020-2022 pour prévenir la perte d’autonomie ». Parmi les mesures préconisées, la diffusion du label « Villes amies des aînés » et la participation des jeunes du service national universel et du service civique. A suivre !

Être voisin, un lien informel qui a ses propres codes

Les seniors passant beaucoup de temps à domicile, les relations de voisinage leur sont essentielles. Pourtant plus de 15 % des personnes n’auraient pas de relations avec leurs voisins. Le niveau de revenus influe directement sur ce chiffre : moins on est riche, plus on est dépourvu de ce type de liens : on estime ainsi que dans les HLM, la moitié des personnes ne connaissent pas les autres habitants de l’immeuble.

 

On rencontre habituellement ses voisins dans un lieu neutre : dans les couloirs de l’immeuble, près du local poubelles, sur la rue, à l’arrêt de bus. Souvent on les connait de vue, c’est tout. C’est une modification de la routine qui amène une personne âgée à entrer en contact avec eux pour les solliciter : elle se casse une jambe, elle ne peut aller faire ses courses, ni descendre à la cave. Elle doit entrer dans un nouveau type de rapport avec ces personnes qu’elle n’a pas choisi, mais qui sont les seules qui sont sur place, à portée de main, de « canne »…

 

A l’heure de la solitude, le besoin d’entraide redonne ses lettres de noblesse au statut de « voisin », pour des échanges de services de toutes sortes, plus ou moins formalisés. Internet s’est même emparé de ce nouveau marché, et plusieurs plateformes proposent des services payants limités au quartier, telles que les gardes d’enfants ou les petites réparations.

Les personnes âgées sont celles qui ont les besoins sont les plus criants, d’où les initiatives d’associations comme les Petits frères des pauvres, qui au travers de la plateforme Voisin-âge, tentent de recréer du lien social de voisinage, souvent intergénérationnel, totalement gratuit cette fois.

Dans chaque coin de rue, chaque hameau, chaque immeuble, construire des liens durables avec les personnes âgées constitue l’une de nos grandes missions citoyennes de ce siècle. N’oublions jamais les 16 000 personnes décédées lors de la canicule de 2003, mortes d’isolement et d’indifférence sociale, beaucoup plus que de chaleur excessive.

Que faire si vos vieux voisins ne voient jamais personne

Voici un petit guide très simple pour développer progressivement des liens avec vos voisins âgés qui restent seuls. Un conseil : ne vous réfugiez pas dans la facilité en vous convainquant que leur situation ne vous regarde pas, que chacun même sa vie comme il l’entend, et que d’ailleurs votre vieille voisine elle-même ne fait aucun effort pour communiquer avec vous.

 

En fait, on peut considérer que le problème a deux faces : d’une part cette personne se recroqueville sur elle-même et a de plus en plus de mal à sortir de son cocon, et d’autre part ses voisins ne se rendent pas compte à quel point leur agitation et leur indifférence met en danger celle que le hasard a placé à côté d’eux, en situation de vulnérabilité.

 

N’oubliez-pas, les personnes âgées ont souvent peur de gêner, et ne vivent pas au même rythme ; c’est donc à vous de faire le premier pas, même si vous n’en avez pas l’habitude :

Et pour les jeunes : inspirez-vous de votre occupation favorite, en offrant d’expliquer comment fonctionne un téléphone portable, ou d’aider pour une démarche ou une recherche sur Internet.

Bon à savoir

 

Les difficultés de déplacement, qui empêchent d’aller à la rencontre des autres, jouent également un rôle prépondérant dans la baisse de la sociabilité. L’adaptation du logement, afin de se mouvoir facilement à l’intérieur et dans l’environnement immédiat de son habitat, va donc jouer un rôle significatif dans la prévention de l’isolement des seniors.

 

Des associations comme SOLIHA informent et conseillent sur les aides financières permettant, par exemple, d’entrer et de sortir de chez soi plus facilement, ou d’adapter son logement à sa santé déclinante. Utiliser ces services augmente les chances de concentrer son énergie sur les relations avec autrui plutôt que sur les vicissitudes liées à son logement, il est indispensable d’en profiter. Si vos vieux voisins ne voient jamais personne, assurez-vous qu’ils vivent bien à domicile, et aidez-les à le faire si ça n’est pas le cas.

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